19 avr. 2012

Potiche....


Une soumise, une potiche, un meuble?
Certains le croient: une soumise ne doit pas parler sans l'autorisation de son maître, une soumise se doit d'attendre le bon vouloir de son maître, en position de? attendez je retrouve le mot: ...
Google est mon ami: Nadu. Cela donnerait cela (merci à Jeff pour l'avoir trouvée)

Le plus drôle, c'est que moi qui pratique le yoga, cette position est le Vâjrasana, une des positions parfaites pour la respiration, la méditation, la concentration... et en yoga aussi on a un maître!!! (mdr: tiens! un jour je ferai un parallèle entre la soumission et le yoga, ce sera drôle: mon corps est un temple, etc. on en reparle?)
Une soumise n'a pas d'opinion? N'est pas libre? Doit rendre des comptes?
C'est un melting pot de règles, de contrats, de... pfff... et la femme qui veut se soumettre, elle fait quoi, dans ce fatras?
Je me balade beaucoup sur le web, je discute beaucoup avec des "maîtres" (je mets des guillemets car ils ne le sont pas tous, même si certains ne le savent pas!), des soumises ou postulantes, des femmes aguerries, des vanilles aussi (et même de mes amis qui ne comprennent pas toujours mais qui ont l'ouverture d'esprit d'écouter et de s'exprimer sans jugement).
 
Et puis, et puis, je parle surtout à celui que j'appelle Monsieur...


Qui n'est pas encore mon maître, qui ne m'a pas fait encore l'honneur de passer un collier autour de mon cou qui le fascine tant, pourtant, et à qui je n'ai pas fait non plus l'honneur (sic: j'ose écrire cela, aux abris les maîtrillons...), de m'agenouiller, de prononcer un texte que je travaille d'arrache-pied pour qu'il soit parfait,  et que j'apprendrai par coeur! eh oui!

Je parle donc beaucoup avec Monsieur, et nous nous posons des questions...

Car je dois bien préciser: même si Monsieur a 25 ans d'expérience dans le BDSM, il ne se prévaut d'aucun mentor, d'aucune règle pré-établie, d'aucun certitude inébranlable. Monsieur sait écouter sa future soumise, Monsieur sait la mener où il désire, resserrer les liens et les contraintes peu à peu pour qu'elle se love dans son espace de plus en plus étroit, tel un corset qui la magnifiera (je vous ai dit qu'il était fétichiste, le Monsieur?).
Monsieur sait dire à sa petite têtue: tu ne te concentres pas sur ta soumission, tu n'es pas dans les conditions, là. Alors, consacre-toi à ce que tu es en train de faire car cela te paraît important, apparemment, et reviens vers moi quand tu seras impliquée.
Monsieur a su dire à sa future soumise qu'un carnet était une bonne façon, non de la surveiller, mais de s'améliorer elle-même, de prendre conscience de ce qu'elle était et de ce qui l'entravait dans le mauvais sens du terme...
Mais surtout, Monsieur sait parler et se poser des questions. Il ne m'a jamais dit: tu m'appelleras Monsieur, tu me diras vous, tu baisseras les yeux, tu... il sait que cela viendra, naturellement.

Alors je reprends mon discours du début: une soumise, une potiche? un meuble?


Non, une femme qui suit son maître. Qui va le reconnaître comme un centre, qui se libèrera des contraintes de sa propre soumission à elle-même pour déléguer, comme en démocratie, tout son pouvoir à celui qui sait (je ne parle pas de l'état de nos politiques, là, soyons clairs!). Qui va dans un couple D/s, délibérément dire à l'autre: tu es le mieux placer pour le bien général. Donc, je te laisse diriger, organiser, décider, désirer, guider, montrer... agir.
Mais je ne serai ni la potiche de service ni le meuble ciré. Non, j'ai mes opinions, ma voix, mes gestes, mes qualités, aussi mes bons réflexes. A-t-on jamais empêcher un chien d'aboyer pour alerter qu'un intrus entrait dans la propriété? Non, c'est son rôle. Il est cependant soumis à son maître. Et il sait qu'il ne doit pas mordre, ce n'est pas poli!
Eh bien, la petite chienne que je suis aussi, cultive sa différence en la polissant... en la poliçant.
Et même si elle veille à ne pas être plus haute que Monsieur (ce n'est pas difficile, il fait plus 25cm qu'elle, même avec talons), même si elle ne va pas l'interrompre pour outrer son langage et déblatérer des idioties de bas étages (c'est la moindre des corrections et des politesses), même si elle s'adresse avec déférence, le vouvoie ou le sers avec amour, c'est bien parce qu'elle l'aime, qu'elle l'admire et qu'elle reconnaît en lui l'être qu'elle attendait (et pas une sorte de supériorité intellectuelle ou physique que les féministes concluront sans savoir).

Car:
1. je me sens l'égal de l'homme et de Monsieur aussi! Le reste est une question de position, et j'ai choisi la mienne :-)
2. je ne joue aucun jeu avec lui du style tu me bats seulement de 5 à 7. Je suis soumise tout le temps, mais seulement avec Monsieur (sauf sur son ordre): essaie donc de t'adresser incorrectement à la chienne que je suis, et tu tâteras de mes crocs... (pour résumer!)


3. je me sens libre, d'autant plus que je lui aurai offert le pouvoir (enfin légère!!! je vais pouvoir laisser vagabonder mon esprit à des plaisirs plus agréables que de choisir ce qu'il faut faire!!!)
4. je prends la parole et j'essaie d'exercer mon intelligence à ne pas dire de conneries (cela m'empêche la dispersion, ce n'est pas mal! et en plus on me prend pour plus intelligente que je ne suis... mdr)
5. j'ai un référentiel: Monsieur, qui me libère des entraves sociétales et affectives, et me permet enfin de savoir que quoiqu'il arrive, j'ai un refuge, un guide et que je saurais où et comment aller sans être perdue. Cela vous libère de beaucoup de contingences.
6. je ne rends pas compte de mes faits et gestes parce que je suis enfermée, mais parce que je veux qu'il sache qui je suis, comment je réagis, quels sont mes sentiments et mes émotions, tous les outils dont il a besoin pour m'aider au mieux par sa réflexion et sa connaissance à m'assurer, à moins souffrir de ces même émotions, à réagir avec sérénité, et à savoir réfléchir à ce qui peut être le mieux pour moi, et pour nous aussi... (et non avec des comportements pré-établis et stéréotypés)
7.  je ne suis pas effacée en public, je veille juste à être polie. Je n'interromps pas Monsieur quand il parle, mais je ne le fais pas non plus avec les autres personnes... Je ne contredis pas Monsieur en public, je lui parlerai de mon désaccord après... Histoire de ne pas étaler au grand jour nos histoires de couple (tant de couple le font, et cela me mets dans des rages folles de les voir s'humilier en public pour avoir le dessus, un dessus stérile en plus! voire blessant).
8. je ne m'énerve pas (du coup je suis beaucoup plus heureuse: on ne vous a jamais dit que l'énervement se retournait surtout contre vous-même???)
9. je m'arrête quand Monsieur me le demande (mais j'ai aussi des amies qui le font, et je ne me prive pas de le faire à mes amies, car il ne faut jamais laisser quelqu'un que l'on aime s'enfoncer dans ses travers sans avoir la charité de l'aider)
10. j'évite les gros mots, les insultes, la méchanceté gratuite: cela est tellement plus portant quand on dit les  choses avec esprit, intelligence et humour, n'est-ce pas???
11. et je pourrais continuer comme cela longtemps...


Donc, soumise... pas potiche, pas meuble (ou alors un Boulle, au moins ça!).
Non.
Je suis l'objet de l'autre, la chatte, la chienne, la propriété (bail renouvelable? mouarf!), le territoire, l'esclave (en sursis) mais surtout la sculpture, oui, sans cesse taillée et modelée pour atteindre sa perfection et enfin être celle que l'on remarque en vitrine :-)!



3 commentaires:

  1. Continue comme ça pendant longtemps oui, c'est si doux à lire...
    C'est un texte que devraient lire toutes les soumises qui se posent des questions sur les relations D/s, c'est un texte qui fait preuve d'une très grande maturité de réflexion, c'est le texte de quelqu'un qui a tout compris de ces relations...c'est un manifeste, manifestement...

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  2. @Jeff:vous êtes de parti pris... Monsieur.

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  3. J'aime bien ce que vous dite, ce qui change c'est que vous étés libre, libre d'avoir choisi. aucune soumission la dedans, le soumis, c'est l'homme au final. ou un bon échange de procédé

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