10 avr. 2012

Dîner en tête à tête



Tu m'as invitée au restaurant, et j'imagine que nous allons passer une soirée en douce conversation, informelle et joyeuse.
Ce restaurant, c'est toi qui l'as choisi, pour une fois, et c'est une jolie salle assez cosy. 

Apparemment, tu as réservé et c'est à une table ronde que nous invite le maître de salle. Tu me places trois quart dos à la salle et toi face à elle.
Les cartes arrivent: je commence tout comme toi à regarder. Je suis toute contente de te voir et je me montre assez enjouée. J'ai mis ce que j'ai pensé te plaire le plus: une jolie jupe bleue en soie, un petit gilet empli de bouton qui moule assez sans trop d'ostentation un fin caraco de soie gris perle échancré. Je me suis mise en jarretelles, et le serre taille qui m'enserre, dessine mes hanches de façon prononcée.
J'ai aussi pour l'occasion sorti une petite paire d'escarpins Dior que j'apprécie car elles sont sexy et sans vulgarité. Je me sens sûre de moi, femme et assez à l'aise à la fois.
Comme à ton habitude, tu regardes le menu en silence, avec une attention très marquée. Je suis toujours impressionnée par ta concentration sur les choses. Notamment quand tu choisis les vins. Mais cette fois-ci, tu ne me demandes ni ce que je prends ni ce que je pense des vins.
Mais je badine: que prends-tu? Tu as vu? il y  a des langoustines, j'adore les langoustines... etc. 

Pauvre hère qui ne sait ce qui l'attend?
Le maître de salle s'approche: question traditionnelle, tu te tournes vers lui. Tu commandes pour toi, et au moment où j'ouvre la bouche, tu commandes à ma place. Je me tais. Je te regarde, tu me fusilles, je baisse la tête.
Mon petit paradis intérieur s'effondre un peu sous une avalanche de questions. Le doute s'est installé, je ne sais plus sur quel pied danser. J'inspire profondément, je te souris timidement.
Tu reprends une conversation normale, tu me demandes des indications sur ce que je connais du vin de Loire que tu viens de commander, sur la cuisson des langoustines, de comment je les prépare. Je me détends à nouveau, et on nous sert notre entrée.
J'essaie d'être prudente: j'attends que tu te saisisses de tes couverts pour prendre les miens. Je me dis que ce n'est pas le moment de prendre des initiatives; je ne sais... comme une profonde intuition. Mais tu sais, toi, que je ne vais pas pouvoir me retenir, et tu en joues déjà. Tu fais en sorte de me mettre à l'aise, de provoquer le naturel pour qu'il revienne au galop. Tu me regardes avec confiance, tu me souris et je te réponds avec amour.
Puis je te demande soudain: "Tu me fais goûter?"
C'est à cet instant que je comprends mon erreur. Ton sourire ironique, la jubilation de tes yeux, le ton condescendent de ta réponse: "Mais bien sûr, Ma Douce!"
Ta main se porte à ta fourchette, tu choisis le morceau le plus savoureux de ton assiette, tu le pique des dents de l'instrument, tu commences à lever la bouchée...
Et tu la tends ostensiblement à ta droite, près de ta chaise, en contrebas de ta cuisse. Tu me fixes dans les yeux, tu me toises, tu attends. Et je sais que cette attente sera mesurée, tel un ordre.
Mon cœur se sert, mon ventre chavire, je sens que l'excitation et la honte se mêlent en moi. Je regarde derrière moi, autour de moi.
La salle converse, les convives semblent concentrées sur leurs assiettes, mais j'observe le maître de salle. Lui a vu, j'en suis sûre. Et plus j'attends, plus je peux déclencher en toi un déplaisir, ou pire, un mécontentement.
J'inspire profondément, je me lève, je contourne la table et lentement, je pose un genou près de toi.
"Plus bas!" me dis-tu.  Je pose les deux genoux. La bouchée est en effet bien en dessous de ce que j'avais jaugé. Je suis obligée de baisser mon buste au maximum, je tends la bouche, vers ce graal, et je goûte au plus bas de mon corps, la pitance que tu me donnes. 

Tu relèves la fourchette, tu poses une main caressante sur mes cheveux: "C'est bien, ma Soumise, tu es obéissante"
C'est rouge d'humiliation que je me relève, que je me précipite sur ma chaise et que je n'ose plus lever les yeux...

5 commentaires:

  1. Et il est ou ce restaurant?!
    Qu'il y ait un endroit sur cette terre ou tu n'oses plus lever les yeux, c'est assez incroyable...Oui je sais, ça ne dépend pas QUE de l'endroit...

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  2. @Jeff: le propre du fantasme est qu'il n'existe pas... CQFD... mdr!

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  3. Je ne saurais pas faire ça, je crois... Mais j'adore l'idée.

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  4. Je vois que Mademoiselle sait conjuguer les plaisirs de la honte avec agilité... ;-)

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  5. @Stan/E.: et moi j'attends avec impatience de le vivre en vrai, si vous saviez...
    @Flow: que voulez-vous, il faut être souple (et je m'entraîne d'arrache-pied à courber l'échine :-))

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