23 avr. 2012

Cyprine...


La pluie ne tarissait pas d'éloges à ce mois de mars si doux. Nous sortions à peine d'un café où toute l'après-midi, sous l’œil morne d'un serveur endormi, nous avions discuté comme des tourtereaux de l'année.
Sur le trottoir, la lumière de l'après-midi baissait à grande allure.
Je me souviens...
La ruelle était sombre, les réverbères rares, les passants inexistants. Tu t'es arrêté face à moi, sous ce parapluie trop petit pour contenir deux êtres emplis de désir. Tu as penché ton visage, ta main a frôlé mon manteau, et tu l'as entrouvert, me maintenant à distance de ton corps.
Cette main, cette serre qui n'a jamais pris le temps de caresser mon sein, ni de l'enrober de douceur.
"J'ai envie de te faire mal, hmmmm, comme j'ai envie de te faire mal".
Tes doigts n'ont pris aucune peine: de leur extrémité avide, ils ont saisi le bouton tendu et ont pincé d'un coup leur désir avoué. Ils ont pincé, et ils ont tiré. Mon buste se repliant sur mon ventre réceptif. La contracture me fait encore frissonner à me rappeler. La sensation d'emprise, l'onde électrique qui me parcourt encore les hanches, la vague de plaisir qui hérisse ma jambe.
"J'ai envie de te faire mal..." comme une seule phrase peut déclencher tant de désirs...
Il pleut et l'eau ruisselle maintenant le long de mon échine. Je sens ricocher l’humidité contre mes jambes gainées de bas, le son des gouttes sur la toile tendue du parapluie...
Ta main a glissé au-dessous de mon menton, il l'a levé à ta bouche et tes lèvres charnues ont happé mon cri. Je me noie maintenant dans le mouvement englobant de ta langue, ton être avale mon âme, respire mon souffle vital et étouffe toute sensation de malaise. Je me fonds dans cette rivière d'appartenance, dans le courant de ton désir et de ton autorité.
Mes jambes s'écartent pour ne pas chavirer sous cette marée d'envies. Mon corps s'agrippe au tien pour ne pas basculer. J'oublie et la pluie et la lumière obscure de cette ruelle. Je voyage sur ton émotion comme une barque à la dérive...
Alors ta main descend le long de mon cou, l'enserre fermement, se l'affirme. Puis écartant de nouveau mon manteau, elle saisit mon ventre, le pétrit.
Tu soulèves ma robe, tu remontes ma jambe. Je sens ma peau se hérisser des frissons de l'angoisse amoureuse. Tes doigts détachent les lèvres de ma chatte et plonge, langoureusement, dans mon sexe. je sais que je suis trempée, je sens que je suis trempée. J'ai senti mes cuisses glisser comme deux fleurs de rosée. Et je me dis: il voit, il sent. Je transpire mon amour, je dégouline mon désir, je suinte mon envie...
Ta bouche m'avale, tes lèvres me mordent:
"Je t'aime, me dis-tu, je t'aime... Où étais-tu passée toutes ces années, je t'ai cherchée. Où étais-tu?"

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