3 mai 2012

Joie des rencontres ordinaires...

Votre bonjour tendre et enlacé fut de courte durée, et votre bouche charnue s'esquive très vite. Vous n'avez ôté votre manteau que quelques secondes après être entré. Et vous dépouillant ainsi des oripeaux de l'extérieur, tout a basculé d'un coup.

"- Apporte-moi un whisky!
- et tes carnets..."

 

Parce que oui, depuis quelques temps, j'ai un nouveau carnet qui s'est additionné au premier: un carnet de règles. J'ai moins ri que la première fois quand vous me l'avez fait inaugurer. J'ai même eu peur que vous ne m'imposiez ce type de contrat stéréotypé qui circulent sur le net et qui m'atterrent chaque fois que je les lis. Même s'ils émanent tous d'un contrat "historique" des origines d'un couple de BDSM, je ne comprends pas pourquoi ils devraient d'appliquer à toutes et à tous et surtout pourquoi ils marquent tant aujourd'hui le manque d'imagination dans un champ des possibles que la relation D/s pourrait nous ouvrir.
Mais non, ce n'est qu'un carnet de règles qui exposent vos mesures face à l'impétrante que je suis. Et la première mesure est plutôt "soft"... mais je suis priée de l'apprendre par cœur, et de vous la réciter Monsieur au moment où il vous plaira...


Pour l'instant, tout va bien, je me sens dans mon petit rôle au confort maîtrisé. Je vous entends vous installer dans un fauteuil, je sers le whisky, j'apporte le verre et les carnets.

Vous buvez, tranquillement... Vous posez le verre sur le sol. Puis vous vous levez.

"Reste-là"

Je vous écoute aller à la buanderie, farfouiller.  Quand vous revenez, je m'attends à vous voir des pinces à la main, mais non, vous vous asseyez face à moi, les jambes écartées. Vous reprenez votre whisky, buvez une gorgée en me regardant. Puis le posez à nouveau.

 Vous avez défait les boutons de mon corsage, écarté largement le col, et sorti ma poitrine de son soutien gorge. Elle s'expose gonflée et projetée par les armatures.
C'est votre jeu préféré, travailler les seins. Vous adorez cela, vous adorez les  torturer, les malmener, les pincer. L'index, le pouce, et voilà mes aréoles enfermées dans un début de douleur. Je vous regarde,  vous me fixez derrière vous lunettes.
Vos yeux restent inexpressifs, détendus de leur certitude. Vous enserrez de plus en plus fort ces petits boutons réactifs et je sens monter dans mon ventre ma première contracture. Sans lâcher jamais,vous les attirez à votre hauteur, vous me faites monter vers votre visage, votre bouche, vers mon graal...

Elle m'avale, cette bouche, elle m'englobe. Vos lèvres aspirent mon souffle, votre langue s'enfonce dans ma gorge. Je m'abandonne à cette douceur, alors que ma poitrine n'exprime plus qu'une jouissance douloureuse. Je sens que ma chatte pleure cette peine qui la rend si désireuse de vous plaire, qui me porte vers ma dévotion et mon amour sacrificiel.

Vos mains me reculent, étirent mes seins vers le bas. Je suis scrupuleusement ma douleur, mon plaisir. Elles m'abaissent maintenant, me tendent vers le renflement du votre pantalon, vers la chaleur de votre entrejambe.

"Viens, ma gourmande, tu veux la goûter n'est-ce pas?"

Mon nez se colle à votre jambe, ma bouche à cette bosse. Il est dur, ce petit mont de désir. Il résiste sous les caresses de mes lèvres, il se cabre à mes coups de crocs et sursaute à mon souffle chaud...

"Tu veux la goutter, ma gourmande?
- Oui Monsieur, s'il vous plaît!"

Doucement votre pantalon s’entrouvre comme le sexe d'une vierge pudique, j'aperçois votre slip. La petite tache de plaisir que tout cela vous procure. Elle sort la tête rose de cette queue tant attendue, elle demande ma bouche, elle s'offre enfin à la goule. Vous saisissez mes cheveux et m'avancez vers ma tâche.

C'est alors que soudain, vous vous levez. Je suis mal placée,  trop cambrée sous vos jambes, trop en avant, j'essaie de me lever, de me reculer pour bien saisir votre bâton entre mes lèvres. Il m’échappe mais j'ai peur de m'aider avec mes mains. Vous les avez replacées d'autorité dans mon dos quand je les bougeais, alors je fais de mon mieux, forçant sur les cuisses pour me mettre à votre hauteur.

Votre queue à mes lèvres, j'entends votre abandon, votre queue au milieu de ma bouche, je sens votre plaisir, puis je perds le contrôle, vous empoignez plus fort encore mes cheveux et vous vous enfoncez à un rythme soutenu au fond de ma gorge. Mes yeux s'embuent, mon hoquet reflue, mais quel plaisir cette force qui se saisit de moi, cette puissance qui frotte ma langue et mon palais. Quel formidable abandon de vous sentir prendre possession de votre chose et en même temps perdre pied au point de peut-être ne plus pouvoir vous contenir et décharger enfin dans ma bouche.

Vous vous retirez, d'un coup.

"Ah Ma, je ne veux pas partir. Pas maintenant." Vous vous rhabillez, vous vous asseyez.

Vous m'avez replacée entre vos jambes, et reprenant votre whisky, buvant une gorgée, vous avez à nouveau attrapé mes seins entre les pinces de vos doigts. Je vous regarde avec dévotion. Je vous désire tant. Tendresse, amour et force. Je sais que vous n'hésiterez pas à malmener durement votre chose tout en la berçant de sensualité et son douceur.

Je vous souris. Vous y répondez. Vous plongez alors une main de votre poche et sortez deux pinces à linge. Vous les mettez sur les bouts de mes seins, puis les considérant, vous les amènent un peu plus vers l'extrémité. Vous avez la satisfaction de constater sur mon visage que la douleur est plus soutenue. Vous vous rencognez dans le fauteuil, sûr de votre fait et content de cet effet. Vous saisissez alors le carnet, l'ouvrez à la première règle:

"Bien! dites-vous dans un soupir d'aise, récite moi la première règle. Je t'écoute....."

Je me concentre, je la sais par coeur, j'ai un bon par coeur, du moins je crois... Vous commencez à tapoter sur les pinces, à y jouer comme les touches d'un orgue quand seul le point fermé peut réellement les faire chanter. Et c'est à la douleur que je pense. Je n'arrive pas à l'abstraire totalement pour me concentrer sur ces phrases  précises et délicates que vous avez ciselées de mots qui se ressemblent pour mieux me perdre. Je vais trébucher, je le sens, je confonds tout. Les mots s’emmêlent et je pense plus que les accoups de mes pinces qui se resserrent sur leur prise.

" Ce n'est pas cela, Ma. Recommence."

Je recommence, je répète, je me trompe. Je le sais, vous ne dites rien, vous ne souriez même pas. Je vous fâche, je n'aime pas cela, je me décontenance plus encore.

"Tu as fait trois fautes, Ma.
- Puis-je savoir lesquelles, s'il vous plaît Monsieur?
- Recommences, je te dirai.
"Sans autorisation ou sans demande contraire de votre part, ...
- non, il y a une erreur, me dites-vous. C'est sans autorisation ou demande....
"je ne dois pas laisser passer plus d'une heure sans répondre à votre sms.
- Là aussi: je me dois de vous en informer...
Mon Dieu, comme ces phrases sont torves et pleines de pièges... j'étais si persuadée de bien les connaître.
"Si je sais ou si je sens que je ne pourrai pas respecter cette règle, je devrai vous en informer au préalable en apportant une justification recevable à ce manquement."
- Voilà, ici aussi: je me dois et non je devrai.  Il s'agit de tes devoirs Mon Cœur..."


Le carnet est reposé, vous envisagez les pinces...

"Elles vous ont troublées, ces pinces, Ma. Je croyais que vous aviez un meilleur par coeur. Il va me falloir travailler cela!"

(à suivre)




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