7 nov. 2012

L'esprit des règles


Copyright Jonathan Barret alias Pikou,
un génial dessinateur que j'ai connu dans le cadre de mon travail.

Le maître s'exprime par les règles, en tout cas l'esprit du maître. Et je tiens à dire: j'ai sacrément intérêt à investir dans des genouillères, car je pense que je frôle la maladie du carreleur à la seule lecture de miennes.

A genoux, s'il te plaît quand-même, mais à genoux quoiqu'il arrive. Ma position naturelle sera celle-là, pas une autre: à terre. Je vais me transformer en lutrin vertical, joli petit objet d'angle droit, serre-livre humble et modeste. Bon, parfois sexy, une figurine que l'homme lubrique poserait avec amour sur ses étagères, frôlant l'orgasme à imaginer seulement qu'il pourrait avoir une fée Clochette rien que pour lui, mais ici en grand, en vrai, sur le sol, pour le plus grand bonheur de mon pervers à moi.

Ma position naturelle est la seule que je peux prendre sans risquer aucune réprimande: autant dire que c'est mon église à moi, mon refuge de petit Highlander du gigotage et de l'insoumission. Je ne sais pas quoi faire? hop, ni une ni deux, je plonge sur mon coussin de petite chienne, et je pose mes délicats genoux, mains dans le dos (je ne suis pas une pietà en adoration, il ne faut pas exagérer!) et yeux baissés. Au moins, celles qui dans leur position de soumise, ne savent jamais quoi faire de leur corps, ici, seraient comblées d'aise. Statue de sel tu es priée d'être et surtout, ne bouge pas!

Vous l'aurez compris, mon logorrhéique de maître m'a envoyé de sa villégiature vacancière et non moins familiale, une longue lettre de premières règles bien ficelées: les Règles dans l'Intimité. Il se dit inspiré, moi je dis qu'il frôle le syndrome Balzac. Il tire à la ligne, et je crains qu'il ne s'arrête pas là. Il m'a promis les Règles en Public, puis m'a menacée de définir mes pensums. Aïch!

Ne jamais envoyer votre maître adoré et non moins fatigué, en repos campagnard. Nourri, blanchi, aimé (une mère+que des sœurs, ça vous forge un coq en pâte), il se détend et commence à penser. Très mauvais pour la soumise.

Bien entendu, je plaisante. Vous avez remarqué? Nous n'avons pas de contrat. D'aucuns diront grandiloquents, que notre contrat à nous c'est l'amour... ce qui me fera rire aux éclats.  D'autres pourront déclarer que le contrat c'est surfait (tu me dois obéissance et tout et tout... je te dois protection... ça me rappelle un autre contrat tout ça ;-)). Je dis juste qu'il est tacite, et que mes règles suffisent, surtout qu'avant que Jeff passe à leur transcription, nous en avons bien entendu discuté.

Mais de quoi me plains-je alors? De rien... Je m'amuse tout en constatant que de voir son avenir ainsi cadré pour les nombreuses années à venir, synthétisé par l'esprit du maître, cela fait tout chose, ou rend tout drôle, ou l'inverse ma bonn'dame. Cela vous campe en tout cas les pieds dans le concret et vous fait envisager un investissement de taille: deux amortisseurs pour genoux.

Maître, je vous aime. Il est peu de dire que l'amour grandit quand vous vous affirmez ainsi. Il est peu de dire aussi que vous me donnez le vertige tout en m'excitant diablement. Mais est-ce un lieu ici pour parler de cyprine? Oui, définitivement! ;-)


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